Adossée contre la paroi de la grotte, la gamine me fixait. La lumière que j'avais aperçue, c'était son phénix qui l'émettait. Immédiatement, une question me vint. Comment une gamine et un phénix avaient-ils pu atérrir dans un lieu aussi hostile ? J'en avais vu, des choses improbables durant ma vie de chasseur, mais là, on atteignait les sommets de l'ironie.
J'entrouvrais les mâchoires pour mieux humer l'air ambient. Il reignait ici l'odeur de la peur. Je la connaissais bien, celle-là. Mais il y avait plus. Quelque chose comme... du désespoir. Comment reconnaître l'odeur d'un tel sentiment, me direz-vous ? Il y a des choses qu'un loup-garou ne peut expliquer... Ce que je savait à cet instant, c'était que ces deux là étaient dans une très mauvaise posture.
Le visage de la petite était faiblement éclairé par le corps ardent de son compagnon. Elle semblait fatiguée, sale, ... au bord du suicide, en fait. Elle devait être ici depuis un sacré bout de temps. Son regard parvenait à peine à soutenir le mien. Je la sentais trembler d'ici.
Le givre s'était cristallisé sur ma fourrure. La morsure du froid se faisait sentir jusqu'au travers de mon pelage. Elle devait mourir de froid.
Elle tenta de se relever, mais retomba au sol aussitôt. Elle allait mourir d'ici peu de temps.
Quelle faiblesse.
Après tout, ce ne serait qu'un cadavre de plus à ajouter à la longue liste de ceux que j'aurais vus jusque là, ça n'allait pas changer la face du monde.
Je faisais volte-face pour risquer une griffe au dehors. La météo continuait de s'aggraver. je lui fit de nouveau face, assis dans la pénombre. J'allais rester un peu ici, gamine ou pas.
Au début, j'ai hésité à mettre fin à ses souffrances. Quite à mourir, autant le faire rapidement, non ?
Et puis, j'ai réfléchi. Cette fille n'était pas sur la liste de mes victimes. Ni une menace potentielle, ou une quelconque source de revenu. En d'autres termes, son meurtre ne m'apporterais rien. Pas même de quoi manger. Trop frêle.
Mais peut être qu'elle saurait m'être utile... J'avais une grande connaissance de la géographie de la région, mais si une fillette aussi faible avait pu grimper jusqu'ici, elle avait bien un ou deux raccourcis à me divulguer...
A bien y repenser, j'avais toujours redouté ce moment où j'aurais à faire avec quelqu'un d'autre qu'une de mes victime ou l'un de mes clients. Mais cette gamine semblait si diminuée que l'idée même de la fuir ne parvint pas à mon esprit. Ca, c'était inhabituel.
Intérieurement, j'étais complétement perdu. Que devais-je faire ? La tuer ? L'abandonner ? Non, il fallait que je fasse ce que ma raison me dictait.
Je me redressais, m'ébrouais, et d'un pas lourd, m'approchais d'elle, fixait le sol. Finalement, je me laissais tomber lourdement au sol, m'allongeant à ses côtés.
Dans un long soupir, je fermais les paupières.