Forêt Viu - Première confrontation avec l'ombre

Il y avait beaucoup trop de monde au Château. Tout le monde me courrait après pour me demander comment j'allais, si l'oeuf était en bonne santé, ... J'en avais très vite eu assez. Après avoir décapité mon conseillé (il était vraiment collant), j'ai décidé de me tourner vers un sujet plus intéressant. Je me préoccupait beaucoup de mon fils, certes, mais je le savais en parfaite santé, et depuis que l'on avait annoncé sa naissance on m'interdisait de bouger. Ce qui me rendait folle de rage. J'avais donc convoqué Zefa. Et elle m'a rapporté une information des plus affriolantes. Des vermines tentaient de s'infiltrer dans notre territoire. Et j'allais me faire le plaisir de les exterminer.
J'avais immédiatement pris la direction de Viu, armée de mon sadisme légendaire. Postées à l'orée de la forêt, ma compagne d'âme et moi-même n'avons pas eu à attendre longtemps avant d'apercevoir les intrus dont il était question.
Un dragon ridiculement petit face à moi, chevauché par une fillette sans défense. Son phénix blottit dans ses bras me semblait tout à fait innofensif. Le petit groupe était menée par une ange, plus jeune encore que Zefa. Ils ne feraient pas le poids.

~~

Lorsqu'ils se furent posés face à nous, braquant leurs regards méfiant sur nous, la jeune guerrière dégaina des dagues. Si elle se voulait menaçante, s'était raté...
J'avançais, déployant mes ailes dans un hurlement strident qui fit trembler les arbres alentours. Ma zwo à côté de moi restait impassible, habituée à me voir combattre et manifestait ma puissance.
- Alors, lançais-je d'un ton acerbe, on essaie de pénétrer mon territoire, les mioches ? Hmm... C'était bien tenté, mais regardez-vous, comment voudriez-vous me vaincre ?
Mon regard fou se durcit, mes pupilles verticales de serpent les fixaient à présent. Le silence se fit dans la clairière. Silence que je rompit dans une sombre déclaration :
- Voilà donc ce que l'on va faire, mes petits : soit vous vous rendez bien gentiment et je vous tue rapidement, soit vous vous rebellez et je vous promet une mort lente et douloureuse.
Je reprenais enfin du service, quel bonheur !

Elle était là, armée de ses griffes effilées telles des épées. La reine dragonne nous toisait, du haut de ses sept mètres de hauteur. Ce qui me donnait sérieusement le vertige. Pourtant, je soutenais son regard de reptile fou sans sourciller. Je ne m'étais pas préparée à la croiser ici. J'aurais dû.

- Alors, fit-elle, brisant le silence qui s'était installé, on essaie de pénétrer mon territoire, les mioches ? Hmm... C'était bien tenté, mais regardez-vous, comment voudriez-vous me vaincre ?

Son souffle rauque me parvenait, m'emplissant d'une terreur irascible. Malgré mon envie de lui sauter à la gorge, ma bouche restait obstinément close. J'avais peur. Ce qui, pour une guerrière de mon rang, n'était pas préférable.

- Voilà donc ce que l'on va faire, mes petits : soit vous vous rendez bien gentiment et je vous tue rapidement, soit vous vous rebellez et je vous promet une mort lente et douloureuse.

Elle eut un rire de psychopathe, si sardonique qu'il me fit frissonner. Je me devait de trouver une solution, et rapidement. J'avais cette gamine sur les bras, et la confiance de mes souverains à honorer. Je ne pouvais pas mourir aussi rapidement. D'autant plus que Tyra et Fehry ne pouvait décemment pas nous avoir envoyé en mission suicide en territoire ennemi ! C'était totalement impensable...
Réfléchir... Vite.

- Très bien, nous nous rendons, mais dans ce cas, laissez la petite tranquille. Je ferais tout ce que vous voudrez...

J'ai alors commis l'acte le plus abjecte que je n'aurais jamais imaginer faire : J'ai abandonné mes dagues au sol, posant un genou à terre pour m'incliner face à la voivre.
C'était à mes yeux encore bien pire qu'un acte de trahison. Mais avais-je vraiment le choix ? Restait à espérer qu'elle accepterait mon offre, bien que j'en doutais fortement...

- Très bien, nous nous rendons, mais dans ce cas, laissez la petite tranquille. Je ferais tout ce que vous voudrez...
Elle n'aurait pas dû faire ça, jamais.
Comment Léila avait-elle fait ? Se livrer ainsi, tout ça pour me sauver la vie, à moi, qui ne cessait de lui faire vivre un enfer, qui avait la mission en échec... Tout était de ma faute, et elle voulait me sauver la vie...
Non, elle n'aurait pas dû se jeter aux pattes de Lluvy comme ça.
Savait-elle ce que ça me faisait ? Le mal que je ressentait ? J'avais peur, oui, atrocement peur. J'en étais même paralysée. Mais ce n'était pas tout. Si Lluvy faisait ce que mon mentor demandait, j'aurais sa mort sur la conscience pour tout le reste de ma vie.
Qu'est ce que je pouvais faire ? Me jeter sur la reine démoniaque ? Elle me tuerait, ce serait inutile. Fuir ? Son elfe de compagne d'âme me rattraperait.
Je ne voyais aucune issue. Léila allait mourir.
Et c'était de ma faute.

Oh, elles étaient si touchantes. Se sacrifier pour un être cher, c'est beau. Mais inutile, malheureusement pour elles.
Ils allaient tous mourir, de mes griffes. J'allais les faire hurler de peur jusqu'à ce que leur cœurs cessent de battre.
Pourtant, Zefa m'avais intimé de me méfier de cette étrange situation. Elle était réfléchie, c'est pour ça que je l'apprécier. Moi j'étais la machine à tuer, elle représentait le cerveau du groupe.
Peut être avait-elle raison ; il fallait prendre en compte toutes les hypothèses.
Il est vrai que croiser quatre ennemis à la fois au sein d'un territoire hostile par les temps qui couraient était peu probable. Surtout lorsque ledit quatuor était composé de deux guerrier et deux gamins.
Il ne me restait plus qu'à jouer un peu avec eux. J'aurais adoré tuer cette gamine sous les yeux de son mentor, histoire de voir dans leur dernier soupir le désespoir total d'avoir été trahit.
- Très bien, si tel est ton désir... Après tout, qu'ai-je à y perdre, hein ? L'Ange tu prend ton semblant de dragon, et tu nous suit au château. Quant à toi, murmurais-je en me penchant sur la plus jeune, vas, cours prévenir tes si merveilleux souverains que la reine Lluvy désire s'entretenir avec eux... Enfin, si tu réussis à survivre jusque là.
Dans un éclat de rire, je leur lançais un sortilège afin de les rendre plus dociles. Pourtant, malgré ma magie, dans leur regard subsistait une lueur de défi. Et de tout le voyage, aucun ne broncha.

De mon côté, je m'imaginais avec délice les souffrance qu'endurait à présent la petite que nous avions abandonnée à son sort au beau milieu de la forêt. Elle mourrait bientôt, de froid, d'une blessure, ou qui sait, peut être mettrait-elle fin à ses jours d'elle-même devant la culpabilité qui la rongerait...
Délicieux.

Il y avait une bonne, et une mauvaise nouvelle.
Par laquelle je commence ? La nouvelle ? Très bien.
Lluvy avait accepté mon offre. Le point noir sur ce tableau, excepté le fait que Raigua et moi allions mourir, c'est qu'Akira allait se retrouver seule. Hors, elle n'y était pas préparée. Mince !
Je n'en ai pas eu le temps. Qu'allait-elle devenir ? Peut être qu'elle mourrait par ma faute... J'avais mal pensé ma mission, notre plan avait été un échec. Je méritais le sort qu'on m'accordait. J'espérais juste qu'au moins, ma mort ne sera pas inutile, tout comme celle de mon compagnon...

Notre seule chance de garder mon élève en vie le plus longtemps était qu'elle ramasse mes armes, et qu'elle retrouve sa détermination pour s'en sortir coûte que coûte.

"Cours, Akira. Sauve-toi, et reste vive."

La reine, pliée au-dessus de moi à l'image d'une ombre menaçante. Ses crocs me faisait l'effet d'une armada d'épées braquées sur moi. Juste avant d'entraîner Léila et Raigua dans la mort, elle m'adressa ces dernières paroles empruntes de haine :

- Quant à toi, vas, cours prévenir tes si merveilleux souverains que la reine Lluvy désire s'entretenir avec eux... Enfin, si tu réussis à survivre jusque là.

Je n'allais pas mourir. Enfin, pas maintenant, pas comme ça.

***

Ils s'en étaient allées. Je ne les reverrais sans doute jamais.
Mon regard se posa sur les dagues étincelantes de Léila, qui gisaient au sol auprès de son arc et de son carquois. J'avais deux solutions : tout abandonner et me laisser mourir ici, ou bien faire mon devoir d'élève et venger mon mentor. Et à mes yeux, il était clair que j'avais une dette envers Léila, et que je ferais n'importe quoi pour la rembourser. Même si cela impliquer de sacrifier à mon tour ma vie pour en sauver une autre.
A partir de cet instant, j'avais choisit de faire face à mon destin ; de ne reculer devant rien pour parvenir à mes fins.
Mes idéaux de fillettes pourrie gâtées s'étaient envolés avec le départ de mon professeur. Certes, elle n'avait pas eu le temps de m'apprendre grand chose, mais c'était de ma faute. J'allais rattrapper le temps perdu, et pour ça rien de mieux que d'aller apprendre sur le terrain. Seule dans la nature, une gamine telle que moi n'allait pas faire de vieux os, c'était sûr. Mais avec l'esprit de Léila pour me guider, je me sentais capable de réaliser quoi que ce soit.
Je ramassais les armes de mon mentor, dont je m'équipait aussitôt. Puis me retournant face à la montagne d'où je venais, les yeux brillant d'un nouveau feu, me tint prête à accomplir ma destinée.

~Fin du Rp~

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